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Symptômes psychosomatiques: comprendre leur sens en psychanalyse

  • Photo du rédacteur: BRISSAUD Emilie
    BRISSAUD Emilie
  • 21 nov.
  • 5 min de lecture

Le corps en psychanalyse : un oubli relatif, une renaissance clinique


Historiquement, Freud ne s’est pas spécialement identifié à une « théorie de la psychosomatique » au sens moderne, mais il a néanmoins posé des jalons décisifs : il a décrit différentes formes de symptômes corporels (conversion hystérique, symptômes hypocondriaques, maladies organiques, etc.) comme liées à l’économie pulsionnelle. 

Le « Moi », selon Freud, n’est pas d’abord un concept purement mental : il est premièrement « corporel ». Pourtant, le corps est resté souvent « écarté » : le dispositif classique privilégie le verbal, la libre association, la parole, tandis que les dimensions incarnées sont parfois tues.

Cependant, ces dernières années, on assiste à une revalorisation du corps dans la psychanalyse. Le corps redevient objet analytique : non seulement comme lieu de symptômes, mais comme théâtre d’affects, de fantasmes, d’expériences précoces.


Le « Moi-Peau » de Didier Anzieu


Un des concepts les plus puissants pour penser le corps en psychanalyse est celui de Moi-Peau, développé par Didier Anzieu. Anzieu propose que, dès la naissance, l’enveloppe cutanée (la peau) joue un rôle fondamental dans la constitution du psychisme : le nourrisson, avant de pouvoir utiliser le langage, ne peut se reposer que sur les sensations à la surface de sa peau. Le Moi-Peau est donc une « grille de décodage » des symptômes : des difficultés avec la peau, le contact, la cohésion corporelle, peuvent traduire des fragilités psychiques, des failles dans l’enveloppe psychique.


L’image inconsciente du corps chez Françoise Dolto


Une autre figure majeure est Françoise Dolto et son concept d’image inconsciente du corps. Pour elle, le corps psychique se représente dans une image, non pas cognitif ou schématique, mais symbolique. Chez l’enfant, cette image se manifeste à travers des dessins, des modelages, des métaphores : elle reflète son histoire émotionnelle, ses fantasmes archaïques, et peut même remonter à des modalités d’avant la naissance.

3. Le corps, le langage et le lien : André Green

André Green, psychanalyste français, a beaucoup réfléchi au rapport entre le corps, la pulsion, le langage. Il souligne que certains patients somatisent parce que leur inconscient est en butte à des réalités « inalysables », des affects sans mots : des douleurs non dicibles se matérialisent dans le corps. Dans cette perspective, le symptôme corporel n’est pas simplement un dysfonctionnement : c’est une forme de langage, une métaphore non verbale, un appel à l’autre.

Green évoque aussi la notion de déliaison pulsionnelle : quand la pulsion (vie / mort, éros / thanatos) ne trouve pas de canal symbolique, elle peut se déconnecter, se fragmenter, et se « réparer » via le symptôme somatique. 


Pensée opératoire et psychosomatique : Marty et de M’Uzan


Une autre contribution essentielle est celle de l’École psychosomatique de Paris, en particulier Pierre Marty et Michel de M’Uzan, qui ont décrit la pensée opératoire. Ce mode de fonctionnement psychique se caractérise par un faible investissement symbolique : les affects ne sont pas mis en mots, le discours est factuel, concret, centré sur le corps et les sensations. Les patients à pensée opératoire peuvent minimiser ou nier leurs émotions, mais exprimer leur détresse à travers des symptômes somatiques. Pour eux, le corps devient la première ligne d’expression psychique.


Les symptômes psychosomatiques comme langage du corps


À l’intérieur de la cure psychanalytique, le corps n’est pas uniquement à comprendre après coup : il peut être entendu pendant la séance, même si le patient ne le verbalise pas explicitement.

Observation corporelle dans la séance : même en psychanalyse classique, le clinicien peut prêter attention à la posture, à la gestuelle, aux micro‑mouvements, aux silences du corps. Ces manifestations peuvent donner des indices sur des conflits inconscients, des affects non symbolisés, des zones « inalysables ».

Symptôme comme message : un symptôme somatique, douleur sans cause, fatigue chronique, manifestations digestives, vertiges, peut être interprété non comme une simple défaillance organique, mais comme une conversion ou une figuration pulsionnelle : l’inconscient « parle » par le corps. Fonction symbolique : Dans la perspective de Green, le corps devient un espace symbolique : la souffrance corporelle peut renvoyer à des fantasmes primitifs, à des traumatismes précoces, à des liens non intégrés avec le regard de l’autre (peu importe si ce regard est imaginaire, réel ou absent).


Pourquoi la psychologue clinicienne d’orientation psychanalytique peut faire la différence


Face à des patients qui souffrent de symptômes énigmatiques, persistants, souvent chroniques, plusieurs approches médicales vont explorer les causes organiques, faire des examens, des bilans, proposer des traitements pharmacologiques. Mais, quand tous les tests reviennent négatifs, que reste-t-il ?

C’est là que la psychologue psychanalytique peut offrir un espace différent :


1. Écoute de l’appel inconscient

En psychanalyse, le symptôme est perçu comme un appel, une adresse : il n’est pas seulement un objet à éliminer, mais un message à déchiffrer. La psychologue peut aider le patient à entendre ce qu’il y a derrière la plainte corporelle, à découvrir les affects non dits, à mettre en mots ce qui était silencieux.


2. Valorisation du symbolique

Là où la médecine peut chercher à maîtriser ou réprimer le symptôme, la psychanalyse le traite comme un partenaire de cure. Le travail clinique ne vise pas à « éradiquer » à tout prix, mais à désambiguïser, à rendre possibles de nouvelles significations, à permettre une élaboration.


3. Réparation de l’enveloppe psychique

Grâce à des concepts comme le Moi‑Peau, la psychologue peut soutenir les patients fragiles dans la consolidation de leur « enveloppe » psychique : renforcement des limites, sentiment d’unité, sentiment de continuité.


4. Approche intégrative, bienveillante

Elle peut travailler en collaboration et en complément avec des médecins, des spécialistes somatiques. Le discours psychanalytique ne nie pas la médecine, mais reconnaît que la guérison psychique peut accompagner, moduler, transformer l’expérience somatique du patient.


Une perspective pour vous, chers lecteurs-patients

Si vous lisez ceci parce que vos médecins n’ont pas trouvé d’explication à vos symptômes, ou parce que vous sentez que « quelque chose se joue » au‑delà du corps biologique : vous n’êtes pas seuls.

Une psychologue clinicienne d’orientation psychanalytique peut vous offrir un espace sécurisé pour écouter ce que votre corps a à vous faire entendre, sans jugement, sans se limiter à des prescriptions ou des examens.

Vous apprendrez peut-être que votre symptôme n’est pas un ennemi, mais un allié, un messager inconscient, porteur d’une histoire intérieure. Ensemble, nous pourrons travailler non pas pour éliminer, mais pour comprendre, symboliser et réinvestir votre corps comme lieu de sens.


Comment la psychologue clinicienne comprend les symptômes psychosomatiques


Le corps en psychanalyse n’est pas un simple terrain passif : c’est un acteur, un sujet, un espace de sens. Les symptômes somatiques ne sont pas des obstacles à écarter, mais des « langages » de l’inconscient, que la psychologue psychanalytique peut décoder, accompagner, comprendre. En tant qu’ancienne danseuse, je crois profondément que le mouvement, la sensation, la chair ont quelque chose à dire et que notre clinique doit leur offrir la place qu’ils méritent.

Si ce point de vue vous parle, je vous invite à me contacter pour une première consultation. Ensemble, nous pourrons écouter ce que votre corps cherche à vous dire.




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© Emilie Brissaud | 2024

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