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Couple et désir: retrouver l'élan amoureux

  • Photo du rédacteur: BRISSAUD Emilie
    BRISSAUD Emilie
  • 21 nov.
  • 3 min de lecture

Au fil des années, de nombreux couples ressentent une diminution du désir. Ce que l’on décrivait naguère comme un regard complice ou un frisson partagé devient parfois un silence, une routine, ou la sensation de ne plus être entendu. Ces expériences, loin d’être anecdotiques, révèlent des dynamiques profondes, à la fois individuelles et relationnelles, qui relèvent de la psychanalyse.


La routine, ou l’usure de la vitalité affective


Freud, dans La psychologie de la vie amoureuse, souligne que le désir amoureux n’est jamais seulement dirigé vers l’objet réel, mais qu’il est médiatisé par nos fantasmes et nos projections inconscientes. Dans le couple installé, la vie quotidienne et ses obligations peuvent transformer l’élan amoureux en automatisme. Les gestes, les paroles et même les regards deviennent prévisibles, réduisant la surprise et la nouveauté, éléments essentiels au désir. La routine ne tue pas seulement l’intensité sexuelle ou romantique : elle érode ce que Freud appelait le « mouvement affectif », cette énergie psychique qui nous fait nous sentir vivants dans le lien à l’autre. Dans ce contexte, le manque de désir ne se résume pas à une baisse de libido : il s’agit d’une perte de vitalité relationnelle, où l’un ou les deux partenaires peuvent se sentir invisibles ou délaissés.


Le miroir de l’autre et les blessures inconscientes


La psychanalyse nous enseigne que le désir est toujours désir de l’autre. Lacan a insisté sur le fait que nous cherchons chez l’autre ce qui pourrait compléter nos manques et nos manques infantiles. Ainsi, l’impression que l’autre « ne fait plus d’efforts » peut réveiller des blessures anciennes : sentiment de ne pas avoir été vu, reconnu, ou suffisamment aimé dans l’enfance.

Cette dynamique crée un double effet : nous projetons sur notre partenaire nos frustrations et nos attentes, et, simultanément, nous ressentons la distance ou la froideur de l’autre comme un manque irréductible. Le désir n’est alors plus seulement un élan vers l’autre, mais un miroir de nos propres manques et de nos insécurités affectives.

Comme le souligne André Green dans Le travail du négatif, la frustration et le vide dans le lien amoureux renvoient souvent à des expériences infantiles non intégrées, qui refont surface dans le couple adulte.


Retrouver la vitalité du désir


Recréer le désir dans un couple établi n’implique pas de transformer radicalement la relation, mais de réintroduire ce qui rend le lien vivant : la singularité de chacun, la curiosité et la capacité à se surprendre mutuellement.


Quelques axes concrets, inspirés par la psychanalyse :


Donner une place à la parole : parler de ses désirs, de ses attentes et de ses fantasmes, même lorsqu’ils déstabilisent, permet de sortir du registre de la plainte et de réintroduire la nouveauté.

Explorer ses propres dynamiques intérieures : comprendre ce que le couple réveille en nous : jalousies, peurs, insécurités, aide à ne pas confondre insatisfaction personnelle et manque de l’autre.

Redécouvrir la singularité de l’autre : observer l’autre avec curiosité, valoriser ses différences et ses initiatives inattendues, permet de raviver le désir.

La psychanalyse offre un espace privilégié pour explorer ces dynamiques : elle permet de mettre en lumière ce que le couple réactive de nos histoires personnelles, d’identifier les obstacles inconscients au désir et de retrouver une vitalité affective durable. Comme le note Freud, le désir amoureux est fragile mais moteur : il constitue une force essentielle pour se sentir vivant, connecté et reconnu dans le lien à l’autre.





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© Emilie Brissaud | 2024

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